Comme vous le savez si vous vous intéressez un peu aux noms de domaines, 2014 verra apparaître près de 1830 nouvelles extensions de noms de domaine qui viendront s’ajouter aux 270 existantes.
Ce mercredi 23 octobre 2013, l’ICANN a annoncé la délégation des 4 premières extensions de noms de domaine. Cette annonce a failli passer inaperçue et pourtant elle est de taille. La nouvelle ère des noms de domaine s’ouvre enfin.
Les 4 newgTLDs sont :
L’actualité, et par ailleurs quelques articles sur ce blog, vous annonce depuis quelques temps, les péripéties des dossiers déposés. Mais qu’en est-il vraiment ? Qu’est ce que cela va changer pour les professionnels d’internet ou pour les internautes ?
J’ai essayé de faire un tour d’horizon des tendances et des avis des professionnels qui émanent un peu partout mais j’ai aussi poussé plus en avant ma propre analyse pour en tirer mes propres conclusions. 2014 c’est dans trois mois et trois mois pour se préparer peut-être à la grande révolution, ce n’est pas trop. D’autant plus qu’elle vient de démarrer.
C’est en 2008 que l’ICANN a lancé le programme mondial d’élargissement du système des noms de domaine. Et c’est cinq ans plus tard que les premiers TLD vont apparaître. Il faudra certainement attendre 2014 pour enregistrer vos noms de domaine et que tout soit au point d’un point de vue technique. Il n’en reste pas moins que certains agents d’enregistrements proposent déjà de pré-réserver vos noms de domaines. C’est notamment le cas d’OVH ou de Gandi …
L’arrivée des nouvelles extensions va provoquer une explosion de choix dans les noms de domaine en tout genre. Dorénavant, il y aura des nouvelles extensions régionales, locales, thématiques… Le programme de l’ICANN distingue :
L’objectif avoué des nouvelles extensions est de créer de la valeur. Et non comme certains le pensent de faire face au manque de disponibilité de noms de domaines « intéressants » surtout dans des extensions saturées, telles que le .com. Les perspectives offertes annoncées sont la visibilité et l’identification.
La longueur des noms de domaine ou parfois leur complexité de prononciation (d’épellation), surtout pour les formes contentant des tirets, déroutent souvent l’utilisateur. Quoi de plus percutant qu’un nom de domaine court, clair et compréhensible ?
Il semblerait selon certains acteurs du marché, dont l’AFNIC, qu’il existe un ralentissement dans l’enregistrement des noms de domaine dit historique, tels que le .com, .net, org, .biz, .info. Les acteurs du marché se tournant de plus en plus vers des noms de domaines du second marché (des noms de domaine d’occasion). Ces noms de domaines de seconde main ont l’avantage d’aider leur nouveau propriétaire dans leur référencement, si le nom de domaine a un historique sain au regard des moteurs de recherche. L’arrivée des nouvelles extensions permet donc d’étoffer l’offre, d’augmenter la diversité des noms de domaine et devrait diminuer le prix des domaines du second marché. C’est en tous cas ce que l’on entend dire dans les sphères des professionnels des noms de domaine.
Google lui-même annonce : « Cet événement dont personne ne saurait prédire les effets est sans doute l'un des plus grands tournants de l'histoire de ce support si surprenant. »
Selon l’AFNIC, trois grands scénarios sont envisageables :
Ces trois scénarios sont parfaitement envisageables et il est encore impossible de dire quelle sera l’approche des internautes. Le succès de l’appropriation des nouveaux noms de domaine est aussi entre les mains des moteurs de recherche. En effet, la stratégie qu’ils appliqueront et les algorithmes déployés influenceront les résultats de recherche dans les moteurs de recherche. Il n’en faut pas moins pour assurer le succès ou l’échec commercial des nouvelles extensions, voire d’une partie de celle-ci.
Je ne sais pas si c’est lié à la pauvre utilisation des noms de domaine .museum réservés précisément aux musées ou aux algorithmes de recherche mais il est très difficile de voire sortir un nom de domaine de musée avec une extension .museum.
On se rappelle en effet, qu’il y a quelques années, l’ICANN avait lancé des nouvelles extensions très spécifiques et pratiquement aucune n’a eu de succès. .museum en faisait partie, tout comme .jobs, .travel et .name.
A l’époque les nouvelles extensions devaient apporter plus de crédibilité et une meilleure visibilité auprès du public. Apparemment, il n’en est rien. Une fois de plus, les nouvelles extensions, celles de 2014, devraient révolutionner l'industrie du nom de domaine. Certes la donne n’est pas la même. On parle maintenant de 1830 extensions et surtout les entreprises peuvent proposer leurs propres extensions.
De nouveaux défis apparaissent pour les entreprises. Des défis inédits jusqu'à présent. Il n’est plus question d’enregistrer quelques noms de domaine dans les extensions nationales, quelques noms de domaine à titre défensif, quelques noms de domaine mal orthographiés, il est ici question de protéger sa marque ou ses produits sur des centaines voire des milliers d’extensions disponibles.
Positivement, certains professionnels voient quand même l’opportunité de créer des extensions propres à leur société ou à un produit spécifique pour en augmenter la visibilité.
Enfin qu’en sera-t-il des spéculateurs ?
On vient de le voir, les moteurs de recherche et les internautes ont un grand rôle à jouer dans l’adoption ou le rejet des nouvelles extensions de nom de domaine. Il est peu probable que les extensions historiques soient délaissées du jour au lendemain pour ces nouvelles extensions. D’autant que l’on ne connaît encore aucun prix. Par ailleurs, un certain temps d’adaptation doit se faire et nombreux sont encore les entreprises et les internautes qui ne sont pas informés des changements à venir. Enfin, quelle entreprise délaissera son .com qu’elle possède depuis 1990 au profit d’une nouvelle extension ? Actuellement l’avis des professionnels se résume majoritairement à voir arriver une cohabitation des extensions historiques et des nouvelles extensions. Une grande inconnue persiste : est-ce que la demande en extension historique va diminuer avec le temps ?
Le signal a été lancé ce 23 octobre, à partir de maintenant les entreprises doivent s’apprêter à enregistrer de nouveaux noms de domaine massivement. Ne fut-ce que d’un point de vue défensif.
Mais en y réfléchissant bien, il sera quasi impossible de protéger l’ensemble de ses marques et produits sur toutes les extensions disponibles. Qui peut enregistrer chaque année 1830 extensions multiplié par quelques noms de domaine ? Même à un prix très faible d’achat, il est ici question de plusieurs milliers d’euros de réservation par an.
Lors des sessions d’attribution des extensions, certains secteurs professionnels ont déjà manifesté des désaccords. On se rappelle d’ailleurs le problème de .vin et .wine. Beaucoup d’entreprises redoutent déjà la multiplication des dossiers de litiges.
L’ICANN, dans sa grande bonté, a quand même prévu une mesure de protection : trademark clearinghouse.
Le principe est le suivant : La priorité est accordée aux possesseurs de marque, particulier ou entreprises. Les possesseurs de marque doivent déposer une déclaration de cette marque dans la base de données de l’ICANN. En effectuant cette démarche vous bénéficiez d’un droit d’enregistrement prioritaire à l’ouverture de chacune des nouvelles extensions. L’ICANN vous informera de la disponibilité des nouvelles extensions et vous proposera d’enregistrer votre marque. Techniquement, les providers de nouvelles extensions sont tenus d’effectuer toutes les vérifications au sein de cette base de données avant tout enregistrement. Le deuxième principe consiste à avertir tous détenteurs de marque de l’enregistrement de nouvelles extensions auxquelles ils n’auraient pas souscrit par manque d’intérêt de telle sorte qu’une vérification puisse être opérée par le détenteur de la marque et ainsi légitimer l’enregistrement. Une marque qui n’aurait pas enregistré son nom sous une extension sans intérêt pour elle, peut accepter ou refuser qu’une tierce personne l’enregistre si elle estime qu’il risque d’y avoir collusion avec ses propres intérêts. En cas de litige, un bureau d’arbitrage tranchera.
Charleston Road Registry n’est autre que le registre de domaine de Google. Google a déposé un certain nombre de dossiers auprès de l’ICANN. Certaines extensions ont été acceptées et sont maintenant disponible à l’enregistrement auprès de son registre.
Google annonce que la plupart des noms de domaines qu’ils proposent et proposeront seront accessibles aux enregistrements et utilisables sans restrictions mais certains domaines feront l’objet de règles d’utilisations spécifiques.
La société Charleston Road Registry est une filiale de Google, en effet, services d'enregistrement et registres doivent être des entités distinctes.
Sur sa page Domaines, Google propose actuellement 19 extensions dont certaines sont relativement surprenantes. L’utilisation de ces extensions est encore un mystère mais il y a fort à parier que de nouveaux services seront proposés autour de ces extensions.
Voici la liste des 19 extensions disponibles en octobre 2013 :
En parcourant la liste, on devine aisément que Google ne va pas investir dans une vingtaine d’extensions, pour ne rien en faire. Rappelez-vous, les moteurs de recherche ont un grand rôle à jouer. Google proposera vraisemblablement une panoplie de nouveaux services mais comment gérera-t-il les extensions, ses extensions au sein de son moteur de recherche, là est la question.
L’enregistrement d’une de ces extensions n’est pas encore disponible. En effet, Google doit trouver des partenaires qui effectueront le service d’enregistrement. En attendant, vous pouvez demander à être averti quand Google aura trouvé un partenaire pour une des extensions qui vous intéresse. Google ne peut proposer de pré-enregistrement. Le formulaire d’alerte est sur cette page
Si vous gérez de nombreux noms de domaine, gardez à l'esprit que l'année 2014 sera l'année du lancement des premiers nouveaux enregistrements. Prévoyez le budget pour protéger vos marques dans les extensions adéquates. Nous essayerons via ce blog de vous tenir informé de l'évolution du marché et de la réaction des grands comptes. Quoi qu'il en soit, nul ne connaît actuellement la réaction du marché. Soyez informés et parés. Tout devrait bien se passer.
En guise de rappel :